Quirin est un colosse parmi les colosses. Sous son armure se cache un massif guerrier de deux mètres zéro trois pour cent trente-et-un kilos. Mais malgré cela, Quirin reste rapide, agile et précis dans ses mouvements. Les cheveux longs, châtains, arrivant en-dessous de ses omoplates, un barbe de plusieurs jours orne le visage sévère du géant. Le regard d’un bleu glacial, altéré par un blanc cristal des plus purs, il est difficile de ne pas être happé par les yeux du lycan. Mais il n’y a pas que cela qui orne le corps du colosse, ce dernier a également des tatouages sur lui, des tatouages tribaux. Que ce soit sous forme humaine ou animale, Quirin ne laisse personne de marbre, même les plus coriaces ont difficilement du mal à cacher leurs appréhensions. Et lorsque ce dernier affiche un sourire qui se veut rassurant, il n’est pas rare que la gente féminine soit charmée par cet aspect colosse au sourire jovial.

Quirin est un être complexe et mystérieux. Il parle rarement de lui mais sait être à l’écoute, donnant, à qui le veut bien, des conseils aussi impartiaux que possible. Le colosse aime le combat, c’est vrai, son tempérament bestial lui vaut souvent d’être une cible prioritaire en cas de conflit. Son impulsivité fait front commun avec son entêtement et son caractère rancunier. Quirin calcule tout, et manipule les gens quand il le faut afin d’atteindre son but. A l’inverse, le lycan est un homme loyal. Certes, il n’est pas chose aisée de l’obtenir mais une fois que le géant estime qu’une personne mérite sa loyauté, cette dernière peut mettre sa vie entre ses mains, elle ne sera jamais aussi bien protégée qu’avec Quirin. A cela s’ajoute le respect. Le guerrier prône le respect entre congénères, toute personne manquant de respect envers quelqu’un d’autre se verra violemment remis en place par Quirin. Principalement envers Doylana, pour qui il a énormément de respect et d’estime. Et dans tout ça, le colosse valorise un autre trait que lui-même applique chaque jour. L’Honnêteté. Même face à un Roi, il trouvera certainement les mots pour dire ce qu’il pense mais il le dira quand même. En y mettant les formes évidemment mais au moins, les choses seront dites et sans détour.

Tout commença il y a environ 900 ans. Un jeune garçon nommé Quirin vit le jour. Jusque-là, rien de bien particulier. Une mère lycane magnifique du nom d’Amélia (que voici) et un père puissant également, nommé Dorn (que voici). Amélia était une femme fine, au visage d’ange, elle était douce mais elle savait également montrer les crocs lorsqu’il le fallait. Du haut de son mètre soixante-huit, de ses cinquante-huit kilos et de ses formes pulpeuses, la jeune mère était malgré tout une vraie guerrière quand il s’avérait nécessaire de l’être. Du côté du père, Quirin avait de qui tenir. Dorn mesurait un mètre quatre-vingt-dix-huit pour cent vingt-trois kilos. Bref, difficile pour le lycan de ne pas être une masse, même pour ceux qui ont un gabarit marquant.

Mais avant d’en arriver là, Quirin fut ce qu’il y avait de plus simple comme enfant. Un lycan en pleine santé, jouant et courant partout en forêt. S’entraînant au combat alors qu’il savait à peine marcher. Ses parents, bizarrement, partaient toujours les soirs de pleine lune. Comme si ces derniers avaient quelque chose à cacher. Les premières années tout du moins, puis bien vite, les pleines lunes furent plus familiales. Et à l’âge de huit ans, Dorn présenta les choses à son fils, estimant qu’il était assez grand pour comprendre et entendre la vérité.

« Ecoute mon fils…comme tu as dû t’en rendre compte, nous avons, pendant plusieurs années, fais des voyages durant les pleines lunes. Tu l’as vu ça ?

- Oui père.

- Et bien tu sais ce que cela signifie ? Cela signifie que nous allons dans un endroit isolé.

- Comme la voisine ?

- Oui, comme la voisine. Mirena. Tu connais sa fille, Lune ? Et bien elle est comme toi. Dans quelques années, elle et toi allaient subir cela aussi durant les pleines lunes. »

Sans chercher plus loin les explications, Quirin comprit qu’il allait devoir voyager une fois plus grand. Il avait déjà entendu ses parents parler du monstre en eux. Il avait donc lui-aussi cette bête. Mais passons tout ce qui n’est pas très important. Vous, ce que vous voulez, c’est bien la première transformation de Quirin, n’est-ce pas ? Bah oui, je m’en doutais…

Tout arriva la nuit deux semaines après son onzième anniversaire. La mère lune était pleine, éclairant avec abondance la forêt et le village. Dorn et Amélia firent savoir au jeune Quirin qu’il lui fallait aller dans la forêt, au cœur de celle-ci, afin de laisser un grand terrain à la bête quand elle arrivera brutalement. Brutalement, c’était le mot. Quirin était loin de savoir à quel point ce moment allait être violent et, bizarrement cours. Dans la soirée, Dorn et sa femme accompagnèrent le jeune garçon. Plus de quatre heures de marche furent nécessaire pour arriver dans un coin tranquille et isolé.

La marche avait épuisé en partie le jeune guerrier. Il avait évidemment l’habitude de marcher mais pas autant que cette fois-ci, son père avait en même temps accéléré le pas, ce qui n’aida pas à suivre le rythme. Le gabarit de Dorn lui permettait de faire de grande enjambée alors que Quirin, lui, encore trop petit pour suivre, devait faire trois fois plus d’effort pour ne pas être laissé derrière. Puis après plusieurs heures, la famille s‘arrêta. Dorn installa son fils dans un coin et lui expliqua ce qui allait se passer. Evidemment, l’idée de la transformation n’était pas une joie la première fois, le paternel fit donc dans le classique côté explication. De toute façon, le jeune lycan allait bien vite s’en rendre compte. La bête allait être bientôt là, Dorn et Amélia pouvaient déjà sentir leur corps brûler sous l’appel de la pleine lune. Quirin, lui, était encore trop jeune pour être aussi réceptif que ses parents, bien que le jeune lycan sentait déjà un ou deux effets. Ses sens augmentaient, sa faim avec, la colère semblait venir du fond de ses entrailles, comme un appel que la bête lancerait à son hôte. Car oui, cette nuit, l’Homme n’était que l’hôte et non plus le Maître. La bête allait avoir son heure et l’humain, aussi arrogant soit-il, allait devoir faire place à sa nature profonde. La chaire devint brûlante, les os se brisèrent et ne cessèrent de bouger, cherchant leur nouvelle place avant de se stopper et de s’emboiter à nouveau. Le cri de Quirin déchira la calme de cette nuit illuminée par la sainte mère, la pleine lune. Le jeune Quirin, à l’époque, ne faisait qu’un mètre cinquante-cinq et, bien que cela soit déjà grand pour son âge, la bête allait être d’une taille assez conséquente. Dépassant les trois mètres une fois devenu la Bête, Quirin trouva intérieurement un chemin. Quel chemin me direz-vous ? Et bien celui qui permit à Quirin, comme a Lune, de faire revenir l’esprit de l’humain dans le corps de la Bête. Car effectivement, le lycan était lui-même. Certes dans une brume légère, l’empêchant pleinement d’être lui mais avec le temps, le géant savait qu’il finirait par tenir la bête en laisse…

Les années passèrent et comme prévu, le colosse vint à maîtriser sa bête, devenant à volonté une fois l’Homme, une fois la Bête. Lorsque celui-ci eut un bon petit siècle derrière lui, il prit donc le chemin de Racium. Il fallait bien devenir un peu plus sociable dans ce monde où les relations étaient le ciment d’une réussite professionnelle. Quirin était, il ne fallait pas oublier, quelqu’un avec certaines aptitudes et même si ce dernier les offrait volontiers à Doylana en priorité. Aujourd’hui encore le géant va et vient entre les cités et la forêt. Pour le moment, Quirin ne fait rien de particulier dans son existence, préfèrent attendre et voir ce que cela donne. Ce dernier s’étant déjà essayé à plusieurs choses comme le Forgeage, les arts du combat, un peu tous même, l’assassinat quand il le faut, la politique également. Bref, en nuit siècles d’existence, le guerrier avait plusieurs cordes à son arc…
Surtout la guerre…